Depuis toujours, j’étais convaincu que la navigation à la voile sur le fjord du Saguenay était réservée à une élite de navigateurs prêts à relever les défis les plus extrêmes. Mais voilà qu’un jeune loup de mer réfute cette idée.
Jean-Michel Hébert navigue sur le Saguenay avec son père, Jacques, depuis sa tendre enfance. Tous les deux, ils possèdent maintenant l’entreprise Voile Mercator qui a hissé les voiles en 1981, que les Hébert ont acquise il y a 10 ans et qui tient toujours le cap depuis. Il s’agit surtout d’une école de voile mais qui propose également des croisières ou des séjours sur le Saint-Laurent et le Saguenay. La particularité de ces expériences de navigation tient au fait que tout le monde fasse partie de l’équipage, qu’on soit instructeur ou vacancier. Chacun doit mettre la main aux cordages. D’autant que c’est le but de tous ceux et celles qui montent à bord des quatre voiliers de Mercator (deux ou trois autres bateaux s’ajoutent en saison) et qui y viennent soit pour s’initier à la voile ou pour parfaire leurs connaissances.
« En ce qui a trait aux produits touristiques plus habituels, nous parlons surtout d’initiation à la voile avec des excursions de trois à quatre heures au départ garanti, à partir du quai de L’Anse-Saint-Jean. Même là, nous nous démarquons par la dimension formation de l’activité. Les passagers, les familles et les enfants participent à toutes les manœuvres et reviennent avec le sentiment d’avoir conduit le voilier durant la sortie, » explique Jean-Michel en soulignant que 50 % de leur clientèle est composée de familles, sur des bateaux dont la capacité maximale n’est que de huit personnes.
L’autre volet plus traditionnel est celui de l’école de voile qui intéresse, entre autres, des navigateurs débutant qui souhaitent développer leur autonomie dans le but d’acheter ou de louer un voilier. Il s’agit dans ce cas de ce qu’on appelle un « voyage embarqué » qui s’étend en moyenne sur cinq jours et peut aller jusqu’à 12 jours. Au moins 80 % des sorties de Voile Mercator se déroulent sur les eaux de la rivière Saguenay.
Mais n’est-il pas très particulier, ou même difficile, de naviguer dans le fjord avec ses marées, ses courants, ses profondeurs et ses caprices ? C’est ce dont j’étais certain. Mais pour Jean-Michel Hébert, il s’agit « d’une idée à défaire. » Selon lui, le fjord est un plan d’eau très facile à naviguer. Sa seule complication se situe à l’embouchure avec les courants extrêmement puissants qui se manifestent au baissant. J’ai d’ailleurs souvent observé des voiliers tenter d’entrer dans le Saguenay à cette période et passer de très longs moments à faire du sur place. « Entre la Pointe-de-l’Islet et La Baie, nous naviguons à vue, sans brouillard et sans haut-fond, » explique Jean-Michel. « Les courants sont relativement faibles malgré les marées et il faut des vents très forts pour soulever des vagues qui méritent d’être prises en considération. » Les gens pensent aussi que l’eau du fjord est glaciale, ce qui est faux. Rien à voir avec l’estuaire ou le golfe du Saint-Laurent. « Si on compare avec le lac des Deux-Montagnes, les plaisanciers doivent composer avec une circulation importante, peu de profondeur, des dangers constant d’échouage, des chenaux à respecter… Des problèmes inconnus sur le Saguenay. Le seul réel danger est la distance entre les escales, environ 10 milles nautiques, ce qui exclue la possibilité de s’ancrer n’importe-où, » conclue le copropriétaire de Voile Mercator. Ce constat fait du fjord du Saguenay un milieu parfait pour l’initiation et la pratique de la voile.
par Yves Ouellet
À propos de Yves Ouellet
Yves Ouellet est journaliste depuis plus de 30 ans, se déplaçant constamment dans les régions du Québec ou dans le monde. Auteur de 25 ouvrages de prestige et guides de voyage, il collabore aux sections tourisme de plusieurs journaux et magazines dans lesquels il a publié plus de 2 000 reportages et 8 000 photos.
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